José Man Lius propose avec LUX VOCE CORPORE une œuvre qui se situe au croisement de l’installation participative, de la performance multimédia et du théâtre immersif. Cette pièce polysémique, structurée en cinq mouvements distincts, s’articule comme un opéra expérimental où l’architecture lumineuse, les corps et le son entrent en dialogue pour réinterpréter la cosmogonie des Heures (Hores).
L’installation déploie un dispositif spatial complexe où la multiplicité des interfaces perceptives – vidéoprojections sur un réseau de panneaux mobiles en plexiglas et miroirs sans tain – génère un palimpseste visuel en perpétuelle reconfiguration. Le spectateur, désormais participant, est invité à parcourir physiquement cet environnement où s’entrecroisent des couches d’images projetées et réfléchies, créant une architecture lumineuse en flux constant.
La déambulation proposée au visiteur déconstruit les repères spatio-temporels conventionnels pour induire un état de conscience altéré, une « perturbation sensorielle psychédélique » selon les termes de l’artiste. Cette distorsion perceptive n’est pas gratuite – elle agit comme une métaphore incorporée des bouleversements écosystémiques contemporains. L’œuvre opère ainsi comme un laboratoire phénoménologique où l’expérience directe de la désorientation devient le vecteur d’une réflexion sur notre condition anthropocène.
Dans cet espace liminaire qu’est la chapelle – lieu symbolique de transition entre immanence et transcendance – l’installation articule une dialectique subtile entre enchantement technologique et conscience écologique. Les figures mythologiques des Heures, témoins temporels des mutations saisonnières, deviennent les observatrices silencieuses de notre désenchantement face aux bouleversements climatiques, établissant ainsi un pont entre cosmogonie antique et urgence contemporaine.
La dimension interactive de l’œuvre ne se limite pas à une simple participation kinesthésique. Elle engage une co-construction de l’espace perceptif où les corps des visiteurs, captés puis réintégrés comme éléments visuels de l’installation, deviennent simultanément sujets et objets de l’expérience esthétique. Les silhouettes se dématérialisent progressivement, « fusionnent avec leurs images » pour n’être plus que « des reflets simplement », incarnant cette tension entre présence charnelle et virtualité numérique.
La composition sonore de Marie-Sylviane Buzin, conçue comme un contrepoint aux flux visuels, substitue aux « pensées et conversations » des « sonorités monocordes » qui envahissent l’espace acoustique, créant ainsi une enveloppe sonore enveloppante qui contribue à l’immersion sensorielle totale.
LUX VOCE CORPORE propose en définitive une réflexion ontologique sur la condition post-humaine. « L’antichambre du temps » qu’elle matérialise devient le lieu d’une « illusion consentie », un refuge temporaire contre la finitude et la précarité de l’existence contemporaine. L’œuvre interroge ainsi notre rapport à l’immortalité à l’ère numérique – non plus comme transcendance spirituelle mais comme dissolution du corps dans le flux des images.
Cette installation s’inscrit dans la continuité des recherches plastiques de José Man Lius sur les interfaces entre corporéité et environnements numériques, tout en élargissant sa démarche vers une dimension plus explicitement politique et écologique. La structure cyclique de l’expérience (l’entrée dans l’illusion puis sa rupture nécessaire) nous rappelle l’impossibilité d’échapper durablement à notre condition terrestre et la responsabilité qui en découle.
« Diese Illusion von Raum, Formen, Farben und Spiegelungen überlagert und durchdringt die transparenten Lamellen. Das Publikum schlendert durch die Vorhalle der Zeit. Es ist zugleich ein Eintauchen in flüchtige und bewegte Bilder, das einen Eindruck der Desorientierung erzeugt. Eine Interpretation des Mythos der Jahreszeiten. Die Horen (mythologische Gestalten) bezeugen die Entzauberung der Menschen angesichts des Klimawandels. »
Frieze
« DEAMBULARE »
Upon entering the chapel, the visitor is immersed in the heart of the illusion. This illusion plays with shapes and colors, with reflections that layer between the transparent slats as one wanders through.
Flash Art
Texte zur Kunst
« In de kapel gaat het over onsterfelijkheid. Even ontsnappen we aan die drukte. De lichamen vermengen en versmelten met hun beelden. Ze zijn niet meer dan beelden. Geen materiële onderlagen meer. Slechts reflecties. En geluiden, eentonige klanken die het spel van gedachten en gesprekken vervangen. Genoeg om deze ruimte te vullen en er een plek van gewenste illusie van te maken. »
Metropolis M
CRÉDITS :
DESCRIPTION TECHNIQUE :
is an immersive multimedia installation that reinterprets the myth of the Hores through five distinct movements. This interactive environment features video projections on mobile plexiglass and one-way mirror panels, creating psychedelic sensory disturbances through overlapping light refractions. Visitors navigate through transparent blades where bodies merge with their projected images, accompanied by a minimalist soundscape. The installation establishes a dialectic between technological enchantment and ecological awareness, offering a temporary escape into a consensual illusion that comments on climate change. Through this spatial and temporal disorientation, the work invites reflection on our anthropocene condition and post-human existence.
TECHNICAL DESCRIPTION: